Et lui qui était Lumière, la renvoya à la profondeur des ténèbres...

Elle lui avait ouvert le chemin des étoiles, il avait eu peur et s'était détourné...

On me dit : "Ne bois plus, Khayyâm !"

Je réponds : "Quand j'ai bu, j'entends ce que disent les roses, les tulipes et les jasmins. J'entends, même, ce que ne peut me dire ma bien-aimée."   

                                                                                  Omar Khayyâm,  Robaiyat LXXXII 

Illustration : Georg Flegel (1660-1683)    

Mercure rattachant sa talonnière.
François Rude
(Musée du Louvre)

Mercure, dieu des voyageurs, dieu du commerce et des voleurs…

Je te dois le goût du rêve…

Moi qui ne pense qu’à partir et repartir, je te dois le goût de l’ailleurs, toujours renouvelé,

La quête insatiable des Merveilles, moi qui ne suis qu’une voyeuse et pilleuse de Beauté…

Mercure, dieu ailé aux chevilles légères,

Je te dois l’éblouissement des soleils lointains, et la surprise ardente des nouveautés,

Mercure, « rattachant sa talonnière » pour un envol soudain,

Mercure en recherche inapaisable d’horizons reculés,

Mercure  compagnon de mes songes, 

Dans le noir de mes nuits, tu t’élances, tu  m’entraînes,

Tu m’emportes, je te suis…

Dans la trace étincelante d’une comète égarée,  

Dans le poudroiement doré d’un nuage de sable,

Mercure tu m’enlèves, me ravis, me soustrais au morne quotidien,

Dans un éclat cristallin et joyeux, d’un geste séraphique plein de grâce,

Tu ris comme je chante, tu t’envoles comme je danse…

eva, ce 31 octobre 2008  ©