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Mahmoud Darwich (13 mars 1941-9 août 2008)
"Un lieu, je veux un lieu ! Je veux un lieu à la place du lieu pour revenir à moi-même, pour poser mon papier sur un bois plus dur, pour écrire une plus longue lettre, pour accrocher au mur un tableau, pour ranger mes vêtements, pour te donner mon adresse, pour faire pousser de la menthe, pour attendre la pluie. Celui qui n'a pas de lieu n'a pas non plus de saison. Pourras-tu me transmettre l'odeur de ton automne dans tes lettres ? Emmène-moi là-bas, s'il reste encore une place pour moi dans le mirage figé. Emmène-moi vers les effluves de senteurs que je respire sur les écrans, sur le papier, au téléphone..."
Mahmoud Darwich. (Les deux moitiés de l'orange)
Lettre écrite pendant son exil parisien à Samih al-Khassem, son ami resté en Palestine.
Saint Jean d'Acre (photo wikipedia)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mahmoud_Darwich
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Commentaires
6odile schweitzer babVendredi 8 Août 2014 à 18:14encore merciRépondreLes blogueurs ont besoin de ces petits mots qui sont des encouragements à poursuivre... Les blogs doivent toujours être des espaces de partage et d'amitié bienveillante, ils ne peuvent vivre sans les petits signes que vous nous laissez gentiment...
Tu as tout à fait bien défini ce qui m'a fait choisir la citation... Ce poète si humain et si élégant était en parallèle un militant politique très actif, mais je n'ai voulu retenir que la beauté du témoignage du malheur de l'exil, un exil toujours renouvelé, sans grand espoir de solution... C'est ce qui m'a touchée, moi qui suis une fille de l'air, sans vraiment de racines :non seulement cette douleur de n'avoir plus la terre de ses aieux, mais de n'avoir même pas un lieu où se poser pour les choses les plus ordinaires de l'existence...
C'est tellement poignant que je ne trouve pas de mots.
Si pourtant, il faut une qualité d'âme exceptionnelle pour dire le malheur avec tant d'éléganceA l'exil, à la souffrance de l'exilé, vient s'ajouter le malheur d'être dépossédé de sa terre... Il faut savoir imaginer ce que c'est que ce tourment là...
Quand il parle d'un lieu où accrocher un tableau, il sait de quoi il parle, pour nous c'est tellement "naturel" d'avoir un lieu qu'on ne s'imagine pas ce que peut être la vie sans ce lieu précis !
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