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Point de fuite...
Sa voix était douce et soyeuse, et son accent de nulle part : elle prononçait toutes les syllabes avec une intonation à peine chantante, faisant à peine danser les mots à l'oreille...
Elle lui dit alors : "Tu aimes l'impressionnisme, que l'on regarde avec émerveillement en clignant les paupières pour faire vibrer la lumière, tu aimes Monet que j'aime aussi, mais je vais t'apprendre le Surréalisme... Tu vois ce tableau, tu vois cette allée ombragée, c'est ici que l'on se quitte..." Et lui, tout interdit de surprise, sans qu'il pût faire un geste, la vit franchir le cadre du tableau, et s'éloigner dans l'allée bordée d'arbres frémissants... Elle s'éloignait lentement sans se retourner, elle s'éloignait avec ses rêves et ses douceurs cruelles, elle s'éloignait pour se confondre avec l'enfant qu'elle n'avait jamais été... Elle s'éloignait enfin pour ne plus devenir qu'un petit point à l'horizon, un tout petit point, celui qu'on désigne habituellement dans la règle de la perspective, comme le point de fuite... eva, © ce 24 novembre 2012
Tags : surréalisme, mots
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Commentaires
Comme j'apprécie tous ces liens que vous m'indiquez ! Je n'ai découvert votre blog qu'en décembre 2012 alors cet article-là, brillant, mystérieux pour moi, je m'en imprègne mais pardonnez-moi j'y vois surtout de la poésie et cette sortie du cadre, c'est pour moi une douleur parfois une fuite mais un point de fuite...Il me faudra un peu de temps.
A l'occasion quand vous aurez quelques instants, donnez-moi le lien avec la photo de Kiki de Montparnasse, vous savez ce dos comme un violon, il me semble que vous avez traité cela. Bonne soirée Eva.Ce "point de fuite" dont je n'ai connu l'existence que beaucoup plus tard, est une chose qui me fascinait tellement lorsque j'étais toute petite ! ça correspond réellement à une exprérience de toute petite fille : je marchais dans une allée étroite bordée d'arbres et j'espérais toujours atteindre ce point lointain... et jamais je n'y arrivais ! Au bout, l'allée était toujours l'allée, toujours aussi large !! et les questions que je pouvais poser aux grandes personnes concernant le mystère de cette allée restaient désespérément sans réponse... Je ressens cette interrogation encore dans certaines toiles du peintre Delvaux (qui eut une formation d'architecte -pour faire plaisir à sa mère-)
...Et voilà je passe me promener un peu dans ton paradis Eva. je suis avec mon regard le mystérieux point, là bas où tout se confond...Comme toujours, j'apprécie tout ce que tu publies et...tout ce que tu ne publies pas, tout ce qui est en toi, de beauté, de bonté et de vouloir de bien faire. je te salue en nuage bienfaisant si ton ciel est exagérément clair. Je te salue en lumière si ça s'assombrit en toi quelque part. Merci Eva!c'est sûr qu'il faut se lâcher pour travailler dans le genre surréaliste ! et quand l'imaginaire est bridé par la raison... pas moyen ! bonne journée Dan !
Que d'encre le surréalisme n'a-t-il pas fait couler, et qui, encore aujourd'hui, la fait couler. J'ai un ami qui faisait des tableaux dans ce style, je lui ai emboité le pas à un moment, mais je suis bien trop cartésien pour me laisser aller à cet type de peinture, bien que j'aime beaucoup certains peintres de cette discipline en en premier le Grand Dali !en réalité, l'image en elle-même ne vaut pas grand chose : une allée ombragée bien classique... et peut-être même ne vaut-elle pas qu'on se donne la peine de franchir le cadre. Je connais des tableaux de maîtres bien plus engageant au rêve ou au voyage... Mais, mais... c'est la simplicité même (et aussi la présence de cette petite fille) qui fait qu'on peut imaginer un peu plus... un peu plus qu'il n'offre en réalité ! bises Danae
La perspective est belle dans ce tableau, on a envie de se promener sous la voûte de ces feuillages frémissants jusqu'au point de fuite, tout au bout ! Bises Evac'est en cela que je "crois" à la force de "l'esprit"... Merci pour tes com toujours bienveillants et amicaux, merci pour ce lien, merci Grain pour ton blog toujours plein de lumière...
Les mots peuvent-ils véhiculer la vibration de la lumière?
Les mots de ton texte sont si porteurs d'émotions que comme ce tableau ils sont vibrants de lumière!
http://espacesacre.blogspot.com/2010/03/la-vibration-de-la-lumiere-et-les-mots.htmloui, c'est un peu ça le surréalisme, c'est prendre ses rêves au sérieux... les vivre jusqu'au bout du bout...
Merci beaucoup pour ce billet Eva...un très beau tableau musical aussi ! Rêve pour bientôt !Merci pour cette précision.le point de fuite, est en effet le point du papier où toutes les lignes se rejoignent à l'horizon...
Je n'ai personnellement jamais tenté de fuir une perspective, mais ici, j'apprends quelque chose.
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Oh merci Colette pour l'intérêt que vous portez à mes petits billets !
Voici donc le lien du "Violon d'Ingres de Man Ray"
http://eva.baila.over-blog.com/article-le-violon-d-ingres-de-man-ray-115054203.html