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Sylvia Plath, Verticale je suis...
Verticale je suis (28 mars 1961 in "Ariel")
Mais je préférerais être horizontale.
Je ne suis pas arbre avec mes racines dans le sol
suçant à moi minéraux et amour maternel
afin qu’à chaque mars je puisse être éclaboussure de feuilles
Non plus ne suis la beauté d’un jardin allongé
arrachant des ah enthousiastes et peint de façon baroque
sans savoir que je perdrai mes pétales
par rapport à moi, un arbre est immortel
et si petite la tête d’une fleur, mais plus saisissante
et tant je voudrais la longévité de l’un et la hardiesse de l’autre.
Cette nuit, dans l'infinitésimale lumière des étoiles,
les arbres et les fleurs ont déversé leurs odeurs froides
Je marche parmi eux, mais aucun ne me remarque.
Parfois je pense que lorsque je dormais
je devais parfaitement leur ressembler -
Pensées parties dans le sombre.
Cela serait si normal pour moi, de m'étendre.
Alors le ciel et moi parlons franchement,
et je serai enfin utile quand je reposerai pour de bon:
alors les arbres pour une fois me toucheront peut-être, et les fleurs auront du temps pour moi.
photo Thami Benkirane
Page facebook de Thami Benkirane ici
http://benkiranet.aminus3.com/portfolio/
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http://toobanal.canalblog.com/
Tags : poésie
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Commentaires
Bonjour Eva,
Poésie un peu désenchantée mais belle communion avec la nature, comme il serait bon, en effet, de ne pas savoir que l'on perdra ses pétales ! Quant à la photo de Thami, toujours aussi inventive, poétique, c'est un vrai talent ! Bon week-end à toi amie (encore que pour moi tous les jours se ressemblent un peu !) Je t'embrasse.
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Samedi 13 Août 2016 à 11:20
Plus que du désenchantement ou de la déception, ce poème révèle une grande détresse. Il m'a touché parce que l'auteur décrit un bonheur depuis toujours désiré, espéré, rêvé, mais qui lui sera toujours inaccessible en raison de la nature de son être profond : l'absence chez elle de "racines" qui lui interdit tout élan de renouveau, tout espérance de renaissance vitale... Un poème poignant qui résume assez bien la courte vie de Sylvia Plath et la pathologie dont elle souffrait... La photo de Thami me paraissait traduire exactement cette volonté de l'oiseau à s'élancer vers le ciel, un oiseau derrière les barreaux, à qui l'on aurait coupé les ailes... le désir impossible d'une verticalité impuissante...
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J’aime bien cette peinture où on a l’impression que c’est un oiseau, ou une flamme, qui s’échappe au travers d’une grille ! D’un matériau très simple, ici une porte ou un volet, on peut parfois en tirer idées créatives !
Bonjour Dan, il s'agit d'une photo, une photo prise dans la rue, le trou dans une palissade...(rectification : ici il s'agit d'une lueur sur l'ombre d'une palissade... le trou dans la palissade c'est sur une autre photo) Thami est le spécialiste de ce genre de photo : un détail dans la rue, juste en focalisant, sans manipulation ni post-traitement. Mais il est capable aussi de faire des photos très sophistiquées, des superpositions par ex ou bien des photos en pause longue, étonnamment fascinantes !