•  

     




          Vers la fin de sa vie Henri Matisse était très malade, et ne quittait presque plus son fauteuil.

          Comme il ne pouvait plus peindre, il découpait des feuilles préalablement colorées à la gouache, que son modèle et assistante collait sur des toiles grand format. De ses ciseaux virtuoses sont nés « La tristesse du Roi », « Nus bleus » et d’autres merveilles.

          Cerf-Volant est le résultat de ces chutes de papiers colorés tombées au pied de Matisse (du moins ai-je plaisir à le croire… c’est ce que je veux croire !)

    Matisse a dit « Il faut regarder toute la vie avec des yeux d’enfant »

     
    (Cerf-volant, le 26 février 2008)
      ©


    20 commentaires
  •  

    Lyons-09.jpg

     

    "Souvenirs de bois vert, brouillard où je m'enfonce,

    J'ai refermé les yeux sur moi, je suis à toi,

    Toute ma vie t'écoute et je ne peux détruire

    Les terribles loisirs que ton amour me crée."

     

    Paul Eluard (Capitale de la douleur 1926)


    10 commentaires
  •  

    acacia

     

    "Je suis dans la clarté qui s'avance,

    Mes mains sont toutes pleines de désir

    Le monde est beau

    Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres 

    Les arbres si verts, les arbres si pleins d'espoir

    ...

    Les oeillets ont dû s'ouvrir quelque part

    Etre captif, là n'est pas la question

    Il s'agit de ne pas se rendre

    Voilà."

                                                    Nazim Hikmet

     

    Fleurs 01


    12 commentaires
  •  

    « Modigliani ou le mystère »

    "Tout en lui est secret, intériorité, force retenue. La première fois que l’on voit un visage peint par Modigliani, c’est cela qui étonne : quelque chose  n’est pas marqué, n’est pas achevé, il manque quelque chose, dans les lignes, dans la couleur. Cela tremble et disparaît, apparaît encore, comme une lumière comme l’éclat d’un regard, comme un sourire. Impossible d’arrêter cela, de l’appréhender. C’est le mystère de Modigliani, son pouvoir : il est l’un des rares magiciens de notre monde qui fait croire à la vie, au mouvement. […]

    Peindre, pour lui, n’est pas un acte complémentaire à la vie. C’est au contraire, l’acte de vie par excellence : sans l’art, ce possédé n’est qu’un ivrogne, un malade. Il y a, pour nous, un contraste pénible entre la vie de Modigliani et sa peinture : on ne saurait imaginer vie plus noire, plus tragique, dans ce Paris sordide de la fin de la Belle Epoque, à la veille de la guerre. Mais on ne peut imaginer peinture plus exaltante, pleine de beauté, de lumière et de vie.

    Et plus la vie de Modigliani devient un cauchemar, misère, souffrances et crises éthyliques, plus son œuvre s’éclaire, s’illumine, s’allège, prend la couleur de l’eau, des nuages des arbres que Modigliani ne voit plus.

    Cette œuvre est proche du rêve, en vérité. Le rêve d’une autre vie, le rêve d’un visage parfait, d’un corps vierge et merveilleux, d’un regard ouvert, chargé d’extase et de bonheur. Rêve peut-être du féticheur qui chante pour lui-même et s’enivre de son propre désir, en route vers l’au-delà de la vie où tout est enfin réalisé.

     

     



    Personne, je crois, n’a su mettre tant de couleur et de lumière dans la chair, comme si le grain de la peau était fait de millions de particules, un amas d’étoiles. Ces corps montrés dans toute la beauté magique de leur jeunesse éternelle entourés de vagues pourpres, de cramoisi, d’ocre, de bleu de nuit, semblent vraiment immenses, illimités, pareils au ciel qu’on ne peut voir tout entier. Corps de galaxie peut-être imprégnés de laiteuse lumière, scintillants, légers, nébuleux, aux courbes qui veulent envelopper tout l'univers visible. La beauté des corps, le regard détourné vers l’autre côté du réel, tout indique que ces femmes sont des symboles, images de constelleations découvertes par Modigliani, dévoluées dans leur dessin mythique.

    Déesses, peut-être, ou simplement la forme mortelle d’un désir infini. Pareilles à la voix lactée, les femmes nues de Modigliani montrent la clarté stellaire de leur peau, parfois sombre ou cuivrée, parfois pâle sur une nuit qu’on voit à peine. Femmes symboles, femmes contellations. Elles sont sans doute les moments les plus intenses de la joie de peindre de Modigliani." (J.M.G.Le Clezio)


    (Extrait de « Ecrire la peinture - de Diderot à Sollers" Pascal Dethurens  Edition Citadelles & Mazenod)
    illustrations : la femme aux yeux bleus : Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris

     

    Nu couché : Milan, collection particulière.

     

     


    21 commentaires