• Balthus (1908-2001)

     

     Thérèse rêvant (huile sur toile 150.5x130.2)

     

    "Je vois les adolescentes comme un symbole. Je ne pourrai jamais peindre une femme. La beauté d'une adolescente est plus intéressante. L'adolescente incarne l'avenir, l'être avant qu'il ne se transforme en beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé sa place dans le monde, une adolescente non. Le corps d'une femme est déjà complet. Le mystère a disparu."  (Balthus) 

     

     

    Balthus (1908-2001)

     

    Thérèse (huile sur bois 98 x 79 cm)

     

    "Trouver. Perdre. Est-ce que vous avez bien réfléchi à ce que c'est que la perte ? Ce n'est pas tout simplement la négation de cet instant généreux qui vint combler une attente que vous-même ne soupçonniez pas. Car entre cet instant et la perte il y a toujours ce qu'on appelle - assez maladroitement, j'en conviens - la possession.

    Or, la perte, toute cruelle qu'elle soit, ne peut rien contre la possession, elle la termine, si vous voulez ; elle l'affirme ; au fond ce n'est qu'une seconde acquisition, toute intérieure cette fois et autrement intense."

    Rainer Maria RILKE (in préface à Mitsou)

     

    Balthus

     

     


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    La chanson de Marcabru

     

     

    Marcabru est-il agenais ? Rien n'est moins sûr ! On se fonde pour se l'approprier, sur une biographie bien floue. Le texte médiéval dit en effet ceci "Marcabru fut jeté à la porte d'un homme riche. On ne sait ni qui il était, ni d'où il venait. Et Monseigneur Aldric du Vilars le fit élever..."

    On veut croire qu'il s'agit d'Auvillars, près de Valence-d'Agen, qui, comme on le sait, fit partie du département du Lot-et-Garonne, avant que Napoléon ne crée le Tarn-et-Garonne en 1808. 

    Dix siècles durant, les troubadours ont vécu, senti, pensé, aimé, souffert, porté témoignage d'humanité. Ils ont nom : Marcabru, Uc de Pena Daubasse, Delprat, Cortete de Prades, Jasmin, Froment, Tozy, Blade, Saleres, Grenier, Delberge... Dans leur langue, étouffée, interdite, ils sont la vraie racine culturelle, la mémoire ensevelie, l'empreinte identitaire d'un peuple installé au coeur de la féodalité triomphante, l'Occitanie, porteuse d'une autre civilisation plus généreuse et plus ouverte, aux valeurs fécondes qui vont germer : Amor, jòi e jovent, largesa, pour ne citer que celles-ci...  

    Dans la video ci-dessous, la chanson est interprétée par Claude Marti, chanteur occitan. La bande son est très imparfaite (mon vieux 33 tours ayant subi les outrages du temps !)

      

     

    Violence, truculence, misogynie : la chanson de Marcabru "Escotatz" contraste avec la tradition de l'amour courtois à laquelle on se réfère surtout à propos des troubadours. C'est parce que selon Robert Lafon dans son ouvrage "Trobar", Marcabru a une personnalité d'homme et d'artiste très originale. C'est une sorte de moine-soldat, laïcisé dans une vocation de grand poète... 

    L'accès aux oeuvres des troubadours est particulièrement délicat. C'est la version moderne de Escotatz ! qui a été choisie ici in "Troubadours aujourd'hui" Editions CPM Raphaële-les-Arles. 1975.

     

    Dirai o mon agrandança
    D’aquel vèrs la començança
    De rason à la semblança
    Escotatz ! 


    Amor coma la beluga
    D’un res met fòc à la bruga
    E la flamba ven caluga
    Escotatz 
    A pena vos amaluga
    Que sentissetz lo reumat
     

    Joventut es putanièra
    L’amor leva l’'amor pilha

    son degut a la resquilha                                                                             

     

    Escotatz !
    Nos fas chinchar en familha
    E qual n’es pas endeutat ?
     

    L’amor es de mala raça
    Sens espasa nos estraça
    Mai que guèrra tua, amassa
    Escotatz !
    Sens tisana nos enmasca
    Lo pus brave ne ven fat
     

    Amor es tot en falsièra
    Pren lo mèl daissa la cèra
    Pelada dona la pèra
    Escotatz !
    E s’es plasent son lantèra
    Solament coa-copat 

    Marcabrun filh Marcabruna
    Foguèt fait en tala luna
    Qu’amor sap coma se degruna Escotatz !

    Que jamai s'engarcet d'una

    Ni s'engarcet d'amitat.  

     

     Je vous dirai, sans hésitation,

    Le commencement de ce poème

    Les mots en ont l’apparence de la vérité.

    Ecoutez !

    Qui hésite à bien faire, a semblance de pervers.

     

    L’amour comme l’étincelle

    D’un rien met le feu à la bruyère

    Et la flamme devient folle

    Ecoutez ! 

    A peine vous touche-t-elle que vous sentez le roussi.

     

     Jeunesse ne se méfie pas

    Et l'Amour lève à sa guise son impôt,

    Partout où il fait son nid.

    Ecoutez ! 

    Chacun en prend sa part et ne s’avise  point qu’il en demeure endetté.

     

     L’amour est de male race :

    Sans épée il nous meurtrit plus que la guerre,

    Nul mieux que lui ne nous enchante

    Ecoutez ! 

    Sitôt que l’amour l’embrase le plus brave en devient fou.

     

    L’amour est tout en fausseté,

    prend le miel, laisse la cire,

    pour lui seul pèle la poire.

    Ecoutez !

    Mais est plaisant son « lanlère », seulement la queue coupée.

     

    Marcabrun, fils de Marcabrune,

    Est né en telle lune

    Qu’il sait ce qu’Amour égrenne

    Ecoutez ! 

    Jamais ne s’éprit d’aucune, ni d’amour ni d’amitié.

      


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  • Suzanne et les vieillards

     

     

    "Suzanne entrait pour se promener dans le jardin. Les deux vieillards la voyaient chaque jour entrer et se promener, ils furent pris de désir pour elle [...] Or Suzanne avait les traits délicats et était d'une grande beauté..." (Livre de Daniel)

     

    deux dessins de Picasso (source www.pablo-ruiz-picasso.net/work-710.php)

     

    Suzanne et les vieillards

     

    "L'art n'est pas chaste, ou bien s'il l'est, ce n'est pas de l'art" Pablo Picasso.


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