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    Mysogynie à part...

     

    "La question se pose en ces temps de remise en cause. Faut-il interdire Brassens ? 

    Et, par-dessus le marché, brûler sa moustache, bien des féministes vous le diront. Difficile, me direz-vous, de faire un procès à cette institution de la chanson française – mais une bonne procureure trouvera aisément dans son répertoire de quoi nourrir un bon réquisitoire tant les chefs d’inculpation ne manquent pas.

    1/ Violence faite aux femmes. Lorsqu’il justifie « La Fessée » :

    « Retroussant l’insolente avec nulle tendresse, 

    Conscient d’accomplir, somme toute, un devoir, 

    Mais en fermant les yeux pour ne pas trop en voir, 

    Paf ! J’abattis sur elle une main vengeresse » ! 

    2/Stigmatisation de la liberté (sexuelle) de la femme doublée d’injure dans « Putain de toi » :

    « Le comble enfin, misérable salope, 

    Comme il n’restait plus rien dans le garde-manger, 

    T’as couru sans vergogne, et pour une escalope, 

    Te jeter dans le lit du boucher » ! 

    3/Harcèlement moral où Brassens dénie à la femme la moindre parcelle d’intelligence :

    « Elle n’avait pas de tête, elle n’avait pas 

    L’esprit beaucoup plus grand qu’un dé à coudre, 

    Mais pour l’amour on ne demande pas 

    Aux filles d’avoir inventé la poudre »

    4/ Indulgence coupable envers le harceleur, ce sordide « Tonton Nestor » :

    « Vous osâtes porter 

    Votre fichue 

    Patte crochue 

    Sur sa rotondité ».

    5/ Hymne à la soumission de la femme, dont la seule « bonne action » se résume en une piteuse performance sexuelle, comme dans « Don Juan » :

    « Gloire à la bonne sœur qui, par temps pas très chaud, 

    Dégela dans sa main le pénis du manchot » ! 

    6/ Déclaration de guerre à toutes les femmes : 

    « Misogynie à part, le sage avait raison : 

    Il y a les emmerdantes, on en trouve à foison, 

    En foule elles se pressent, 

    Il y a les emmerdeuses, un peu plus raffinées, 

    Et puis, très nettement au-dessus du panier, 

    Y a les emmerderesses ».

    7/Ode implacable au machisme triomphant : 

    « Et gloire à don Juan qui fit reluire un soir 

    Ce cul déshérité ne sachant que s’asseoir » !…. 

    – Les preuves sont là ! martèle la procureure. Faudrait-il rajouter d’autres strophes à l’acte d’accusation ? Je demande qu’on le balance derechef sur le hashtag des porcs !

    – Ce ne sont que des chansons…, plaide l’avocat.

    – C’est une œuvre paillarde, franchouillarde, et tellement éculée ! répond la procureure.

    – Mais le style, Madame…

    –… Le style n’excuse en rien de tels outrages. Condamnons-le, morbleu !

    Et c’est ainsi que Brassens écopa d’une peine posthume prononcée à l’unanimité par le Tribunal du temps qui passe."

     

    Billet de Jean-Claude Souléry (La Dépêche du Midi du 18 février 2018)

     

    #balance ton Brassens


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  • Hey ! Willy Ronis et Léonard Cohen...

     

    "Hey ! ce n'est pas une façon de dire au revoir !..."

     


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  • El perro de Goya

     

    " Perro semihundido" (Chien à demi-enterré)

    1820 - 1823. Technique mixte sur le revêtement mural transférée sur toile, 131 x 79 cm. 

    L'ensemble des quatorze scènes auxquelles cette œuvre appartient est connue sous le titre de "Pinturas Negras" (peintures noires) en raison de l'utilisation de pigments noirs et aussi de la noirceur des sujets. Ils ont décoré deux chambres, aux étages inférieurs et supérieurs, de ce qu'on appelle la Quinta del Sordo (la Maison du Sourd) une maison de campagne à la périphérie de Madrid, à côté de la rivière Manzanares, acquise par Goya en 1819. Les photographies réalisées vers 1873 par le photographe français Jean Laurent (1816-1886), furent incluses pour la première fois dans le catalogue Museo del Prado de 1900. La maison a été démolie vers 1909. Les "Pinturas Negras" ont été peintes directement sur la paroi sèche (pigments mélangés à l'huile).

    Cette scène s'intitulait "Un perro", dans l'inventaire des œuvres du fils de Goya, établi à une date indéterminée, au milieu du XIXe siècle, par le peintre Antonio Brugada (1804-1863), à son retour d'exil à Madrid en 1832. Cette oeuvre est décrite pour la première fois, avec le reste des scènes, dans la monographie de Charles Yriarte sur l'artiste, de 1867, avec le titre de "Un chien luttant contre le courant". Elle décorait l'une des parois latérales dans le hall de l'étage supérieur de la Quinta del Sordo, avec une scène intitulée "Deux sorcières", attribuée par Yriarte à Javier Goya, plus tard acquise par le marquis de Salamanque et actuellement, non localisé. Cette oeuvre n'est pas décrite par PL Imbert dans son livre Espagne. Splendeurs et misères. Voyages artistiques et pittoresques, de 1876, qui visita la Quinta del Sordo en 1873, avant son acquisition par le baron Émile d'Erlanger. Dans le catalogue du Prado de 1900, il a reçu le titre de "chien à demi enterré".  Source : Musée du Prado 

    Quand il peint ce panneau, Goya n’est plus un peintre de cour. A 75 ans, atteint de surdité, il vit en reclus dans la « Quinta del Sordo » isolé du reste du monde. Autour de lui, c’est le règne de l’obscurantisme et de la persécution : l’Espagne plongée dans un chaos politique après l’invasion napoléonienne et le retour de Ferdinand VII, est loin d’être favorable aux artistes. Malade et déprimé, Goya peint 14 panneaux muraux à l’atmosphère sombre et angoissante, avant de partir en exil à Bordeaux où il meurt.

    Selon Yves Bonnefoy « Le chien est le seul de la série qui laisse apparaître de la compassion, comme si, se référant à un animal, il fallait se dissocier de tout discours convenu, de tout langage articulé, de tout cliché porteur de sens pour faire remonter le fond, un sentiment pur non fondé sur la raison et sans attendre de rétribution. »

    La puissance écrasante de cette image en fait un travail très avancé pour son temps : verticalité, traits violents, et unité chromatique. Des décennies avant l'expressionnisme, l'impressionnisme, le surréalisme et autres concepts avant-gardistes, "El Perro" est un chef-d'oeuvre qui joue avec la négation de la perspective, l'imprécision du tracé, et l'énorme liberté conceptuelle du résultat. 

    Tel que nous le connaissons "El Perro" suscite une intense émotion provoquée par l'attitude chargée de désespérance de l'animal. On peut interpréter "El  Perro" comme un auto-portrait du peintre espagnol lui-même, enfermé dans sa surdité qui l’éloigne hermétiquement et irrémédiablement du monde extérieur, oublié de ses contemporains et de ses amis au creux de sa petite « Maison du sourd ». Le corps pris dans les sables mouvants et les boues, Goya/le chien décrit sa lutte vaine contre les forces maléfiques qui l’entourent.  Mais...

    ...Lorsque la Quinta del Sordo a été vendue, les peintures murales ont été transférées sur toile, et très endommagées. Elles ont été alors photographiées avec les techniques précaires de l'époque et le résultat ne permet d'élucider qu'une partie de leur forme originale. Voici la photographie d'El Perro avant la restauration de la toile : L’original montre très clairement deux oiseaux au- dessus de la tête de l’animal. À l’inverse, ils ont été complètement effacés dans le tableau modifié. En dehors de la peinture même, le problème de l’interprétation se pose. «Le chien» représenterait une sorte de rêve désespéré sur un ciel éteint, sans vie. Les deux oiseaux pourraient changer la donne et remettre en question la classification du tableau dans les Peintures Noires.

     

    El perro de Goya

     

     source : /Goya-restaure-et-trahi-

     


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    L'or de Klimt

     

    "Quiconque désire me connaître comme artiste - et c’est tout ce qui compte vraiment - doit regarder attentivement mes tableaux et tenter d’y glaner ce que je suis et ce que je veux." Gustav Klimt

     


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