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Caveau d'émail (Francis Etienne Sicard)
Au cyanure du soir se creuse la marée,
Que des draps de satin ourlés d'enluminures,
Couvrent de gouffres flous griffés d'éclaboussures,
Où la voile arrachée épousera la fée.
L'ampélite de l'eau d'une lame effleurée
Au souffle vagabond de rêves en boutures,
Efface le dessin des profondes voussures
Que le marin toisait de son âme apeurée.
Le silence invisible au murmure des vagues,
Hisse un velours de brume aux plis d'un catafalque,
Dont les ganses de moire affranchissent les dagues.
Au premier franc frisson du bois qui se déchire,
La nef et le marin, sous un papier de calque,
Croquent l'éternité de la mer en délire.
Francis Etienne Sicard (Lettres de soie rouge. 2011)
Illustration : La grande vague de Kanagawa (Katsushika Hokusai 1760-1849)
http://en.wikipedia.org/wiki/The_Great_Wave_off_Kanagawa
Tags : peintres, poésie
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Commentaires
coucou Eva, j'avais perdu de vue ton blog et je suis retombée dessus en cherchant des photos de Capri et Sorrente, notre prochain voyage....en effet Dan, c'est un peu ce que le poème exprime ... et derrière la vague, tu peux voir le Mont Fuji (plus petit que l'immense vague, et pas seulement à cause de la perspective... mais parce qu'elle est aussi effrayante que tu le dis ! Bonne soirée Dan !
Quand je vois cette vague de Kanagawa, j'y vois des griffes et des serres avec des tête d'aigles prêt à happer, griffer, déchiqueter, l'embarcation sous cette vague et les hommes qu'elles contient !Bonjour Colette, la plus connue des gravures d'Hokusai fait partie d'une série "Trente six vues du Mont Fuji". Des copies de l'impression sont dans de nombreuses collections : Metropol Museum of Art de New York, British Museum de Londres, Art Institute de Chicago, Maison de Claude Monet à Giverny, Nal Galerie of Victoria à Melbourne...
Parmi tous les poèmes que j'ai trouvés sur le net racontant la mer ou la vague, c'est en effet celui-ci qui m'a semblé le mieux illustrer cette Vague. Il est à la fois très moderne par les associations d'idées et très classique par son écriture. Les allitérations du 3ème vers évoquent bien la tempête déchainée. La trouvaille des noces de la voile déchirée et de la fée est digne des plus grands...
Bonheur du matin : Hokusai ! Découvert lors d'une exposition en 1980, je n'ai cessé de chercher à voir ses oeuvres. Et comme cette vague illustre bien ce texte élégant, sensible et fort ! Merci Eva.
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Coucou Monique ! La Campanie ! La côte amalfitaine ! ah ! que de merveilles !