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"Pour la liberté, je saigne, je lutte, je survis.
Pour la liberté, mes yeux et mes mains,Comme un arbre charnel, généreux et captif,
je les donne aux chirurgiens.
Pour la liberté, je sens plus de coeurs
que de sable dans ma poitrine ; l'écume jaillit de mes veines,
et j'entre dans les hôpitaux, et je plonge dans l'ouate
comme dans les nénuphars.
Pour la liberté, je veux faire tomber
Ceux qui ont dressé leur statue dans l'argile,
Et je me détacherai de mes pieds, de mes bras,
de ma maison, de tout.
Parce que là, où des orbites vides, à l'aube, se pointent,
La liberté déposera les deux pierres d'un futur regard
Et fera que de nouveaux bras et de nouvelles jambes grandissent
Sur la chair écorchée.
Des ailes de sève sans automne bourgeonneront,
Reliques de mon corps, qu'à chaque blessure je perds.
Parce que je suis comme l'arbre écorché, je bourgeonne :
Parce que, encore et toujours, j'aime la vie."
Miguel Hernandez (El Herido 1938-1939)
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