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Jean Amrouche (1906-1962)
"J'ai respiré la chair du monde et le monde dansait en moi, j'étais à l'unisson de la sève, à l'unisson des eaux courantes, de la respiration de la mer. J'étais plein du rêve des plantes, des collines ensommeillées comme des femmes après l'amour.
Mais j'ai perdu l'esprit d'enfance, l'accord parfait aux Rythmes Saints. Ma bouche s'est emplie de l'âcre saveur de la connaissance et la musique du monde qui ruisselait au printemps de l'enfance peu à peu s'est évanouie dans le pas solitaire du sang.
Entre les Choses solitaires où flotte un souvenir de Lumière s'est épaissie la nuit de l'homme."
Jean Amrouche, Etoile secrète.
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Tags : poésie
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Commentaires
Sa bouche s'est emplie de l'âcre saveur de la cigarette aussi !!! Gros bisous ma chère Eva, excuse moi j'ai tout gâché de la poésie.Moi aussi j'ai été touchée... Je suis toujours émue par les êtres qui se sentent des étrangers... Ils viennent à moi, et je les aime...
Magnifique je suis touché... Ça commence comme du Gide. Je vais aller quêter un peu plus de ce Jean Amrouche.
Toujours de belles découvertes chez toi Eva, bonsoir.Je le pense aussi... D'ailleurs, l'arbre du péché n'est rien d'autre que "l'Arbre de la Connaissance"...
Si on considère le parcours de Jean Amrouche, son destin de déraciné géographique, culturel et religieux, on peut comprendre sa quête incessante "du pays des traces perdues, le pays de l'olivier, que le poète a abandonné", on peut imaginer, lorsque tout est continuelle remise en question, que la recherche de la vérité laisse une saveur âcre...
"je n’ai rien dit qui fut à moi
Ah ! Dites-moi l’origine
Des paroles qui chantent en moi !
(…) Qui me dira le destin de ces paroles d’inconnu,
De quoi sont-elles messagères?
De quoi suis-je le messager?
Connais-tu mon père et ma mère? Ou me montreras-tu ma patrie, Car je n’ai ni père ni mère, je suis orphelin sans patrie.
Je ne suis pas de ce pays, je ne suis pas de ce monde.
Je me tiens entre vous et mes paroles, mes paroles qui me sont étrangères. Qui parle en moi à travers mon corps en sommeil?
La douleur perpétuelle de l’exil;
J’ai reconnu ce paysage comme s’il dormait au fond de moi.
J’attends…une éclosion de vie nouvelle.
Tous mes trésors intérieurs je les ai semés sur la route.
Je cherche ici pour vous le secret de mon être.
Je veux aller trouver ma Famille …
Je veux aller trouver les Anges, mes frères,
Dans le pays muet que renferme mon coeur …
Je voudrais reposer dans ma famille humaine
Celle qui fut livrée à une sombre haine.
En nous la vie est en veilleuse, car nos racines sont coupées du sol profond du Paradis où l’Eau brillait d’Or et de Sang.
Il te faut découvrir ta lumière, l’Orient secret de ton sang.
Tes traces sont perdues.
Tu as abandonné ce qu’on croyait de l’homme.
J’aurais aimé mourir sur la route.
Il fait nuit dans ma chambre, et bien tiède. Je veux y vivre tout nu, le corps et l’âme tout nus.
Où sommes-nous, – criaient certains -
Nous n’avons plus de consistance
Depuis des siècles et des siècles
Nous tournons autour des étoiles
Mais nous ne les voyons plus.
Mais toute parole est un germe mort
Si dans un coeur elle ne s’incarne..."
Le péché originel serait=ce de ne pas savoir garder l'innocence des débuts ?Ma bouche s'est emplie de l'âcre saveur de la connaissance...
Voila bien une étrange pensée de la part de cet homme, car à mon avis (mais ce n'est que le miens bien sûr) la connaissance permet de donner un meilleur goût à tous ce que l'on regarde de près et mieux !
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ah ah ah ! j'ai tellement fumé autrefois que ça me rappelle de bons souvenirs ! Bises Danae, bonne journée