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"Tout près de la cathédrale, on entre dans le vieux cloître des bénédictins.
Que ceux qui aiment les cloîtres aillent se promener dans celui-là et ils oublieront presque tous les autres avant lui.
Comment peut-on ne pas adorer les cloîtres, ces lieux tranquilles, fermés et frais, inventés, semble-t-il, pour faire naître la pensée qui coule des lèvres, profonde et claire, pendant qu'on va à pas lents sous les longues arcades mélancoliques ?
Comme elles paraissent bien créées pour engendrer la songerie, ces allées de pierre, ces allées de menues colonnes enfermant un petit jardin qui repose l'oeil sans l'égarer, sans l'entraîner, sans le distraire !
Mais les cloîtres de nos pays ont parfois une sévérité un peu trop monacale, un peu trop triste, même les plus jolis, comme celui de Saint-Wandrille, en Normandie. Ils serrent le coeur et assombrissent l'âme.
Qu'on aille visiter le cloître désolé de la chartreuse de la Verne, dans les sauvages montagnes des Maures. Il donne froid jusque dans les moelles.
Le merveilleux cloître de Monreale jette, au contraire, dans l'esprit une telle sensation de grâce qu'on y voudrait rester presque indéfiniment. Il est très grand, tout à fait carré, d'une élégance délicate et jolie ; et qui ne l'a point vu ne peut pas deviner ce qu'est l'harmonie d'une colonnade. L'exquise proportion, l'incroyable sveltesse de toutes ces légères colonnes, allant deux par deux, côte à côte, toutes différentes, les unes vêtues de mosaïques, les autres nues ; celles-ci couvertes de sculptures d'une finesse incomparable, celles-là ornées d'un simple dessin de pierre qui monte autour d'elles en s'enroulant comme grimpe une plante, étonnent le regard, puis le charment, l'enchantent, y engendrent cette joie artiste que les choses d'un goût absolu font entrer dans l'âme par les yeux.
Ainsi que tous ces mignons couples de colonnettes, tous les chapiteaux, d'un travail charmant, sont différents. Et on s'émerveille en même temps, chose bien rare, de l'effet admirable de l'ensemble et de la perfection du détail.
On ne peut regarder ce vrai chef-d'oeuvre de beauté gracieuse sans songer aux vers de Victor Hugo sur l'artiste grec qui sut mettre
Quelque chose de beau comme un sourire humain
Sur le profil des Propylées. "Guy de Maupassant (extrait de Voyages en Sicile)
photos eva, juin 2011
http://benissa.over-blog.com/article-cloitre-de-monreale-sicile-72461116.html (billet de Benissa)
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Le cloître arabo-normand de Monreale est sans doute l'un des plus beaux au monde. Guillaume II le fit construire pour des moines bénédictins. Deux cent vingt-huit colonnettes de marbre blanc soutiennent de petites arcades arabes. Les mosaïques incrustées et les arabesques gravées dans la pierre des colonnettes rappelent l'Alhambra de Grenade.
Les sculptures des chapiteaux empruntent leurs sujets à des scènes profanes aussi bien que religieuses.
photos eva, juin 2011
(à suivre)
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Surplombant la Conca d'Oro, la cathédrale de Monreale marque l'apogée de l'art arabo-normand. Elle a été fondée en 1172 par Guillaume II et un monastère bénédictin lui a été adjoint.
"Quand les Roger et les Guillaume voulurent se bâtir des palais, des maisons de plaisance, des chapelles, des abbayes, ils eurent recours aux architectes et aux maçons arabes qui naturellement leur firent ce qu'ils savaient faire. Les décorateurs byzantins brochèrent sur le tout." (Renan in Vingt jours en Sicile)
La cathédrale de Monreale est un chef-d’œuvre de l’art roman en Sicile. L’intérieur est constellé comme un coffre de bijoux. Ces mosaïques étincelantes sont l’œuvre d’artistes byzantins, arabes ou siciliens. Les représentations bibliques sont certainement byzantines, mais les motifs de certaines mosaïques sont arabes ainsi que l’ornementation (comme on le voit dans la frise des palmiers ci-dessous)...
Les extraordinaires mosaïques des XIIe-XIIIe s. couvrent toute la nef et les bas-côtés, le choeur et le transept. Elles représentent des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament (Bible des pauvres). Ces mosaïques éblouissantes n'ont d'égales que celles de Sainte Sophie à Istanbul.
Des artisans venus de Perse, d'Afrique, d'Asie, de Grèce, de Venise, de Pise et de Provence ont participé à la construction de Monréale...
Le plafond est doré, à chevrons...
Les portes en bronze du portail principal sont dues à Bonanno da Pisa (1185) et celle du côté nord, est de Barisano da Trani (1179)
Un christ Pantocrator trône dans l'abside...
Le sol est incrusté de marbre et de porphyre...
photos eva, juin 2011
(Un billet sur la cathédrale de Monreale, à voir également sur le blog de Benissa) link
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