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                                            (sur le pas de la porte, avec bonhomie)

     

    Comment ça va sur la terre ?

    -         ça va, ça va, ça va bien

    Les petits chiens sont-ils prospères ?

    -         Mon Dieu oui, merci bien.

    Et les nuages ?

    -         ça flotte .

    Et les volcans ?

    -         ça mijote.

    Et les fleuves ?

    -         ça s’écoule.

    Et le temps ?Herisson-4a.jpg

    -         ça se déroule.

    Et votre âme ?

    -         elle est malade

    le printemps était trop vert,

    elle a mangé trop de salade.

    Jean Tardieu.


    Ficaires



    photos eva ©


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  • Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver,
    D'écouter près du feu qui palpite et qui fume,
    Les souvenirs lointains lentement s'élever
    Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.

    Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
    Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
    Jette fidèlement son cri religieux,
    Ansi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente !

    Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis
    Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits,
    Il arrive souvent que sa voix affaiblie

    Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie
    Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts,
    Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts.

    Charles Baudelaire (Spleen et Idéal) 


    photos eva ©


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  • "J'ai regardé toutes les actions qui se font sous le soleil : et voici, tout est vanité et poursuite du vent.
    Ce qui est dévié ne peut-être redressé, et ce qui manque ne peut-être porté en compte.
    J'ai donc parlé, en mon coeur, en disant :
    Voici que j'ai accumulé et amassé de la sagesse, plus que tous ceux qui ont été avant moi sur Jérusalem, et mon coeur a considéré largement sagesse et science.
    Je vouai mon coeur à savoir sagesse et science, sottise et folie ; j'ai su que cela aussi est poursuite du vent.
    Car beaucoup de sagesse, beaucoup de chagrin, et croître en science est croître en douleur."

                                                                                                                        Livre de l'Ecclésiaste (Prologue)

    photo eva
    ©

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  • Platero est petit, doux, velu, si moelleux d'aspect qu'on le dirait tout en coton, sans ossature. Seuls les miroirs de jais de ses yeux sont durs comme deux escarboucles de cristal noir.

    Si je le laisse en liberté, il se dirige vers le pré et il caresse de son museau tiède, les effleurant à peine, les petites fleurs roses, jaunes ou azurées... Si je l'appelle doucement "Platero", il s'avance vers moi d'un petit trot joyeux qui semble rire, comme je ne sais quel grelot idéal...

    Il mange tout ce que je lui donne. Il raffole des mandarines, du muscat d'ambre, des figues violâtres, avec leur minuscule goutte de miel cristallin...

    Il est tendre et caressant comme un enfant, comme une petite fille... ; mais il est dur et sec, intérieurement, comme une pierre. Lorsque nous traversons, le dimanche, les dernières ruelles du village, les campagnards, lents et coquets, s'arrêtent pour le regarder :
    - On dirait de l'acier...
    De l'acier, mais oui. De l'acier mêlé d'un argent de lune.

                                                             Platero y yo (Juan Ramon  Jimenez) Traduction de Claude Couffon 

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