• L'Empereur Hadrien (76-138) fut un homme raffiné, attiré par les lettres grecques, l'architecture et les voyages. Dans l'extrait qui suit, sous la plume de Marguerite Yourcenar, il est amusant de constater que l'Empereur porte un regard qui semblerait n'être pas différent, à 2 000 ans près, de celui que n'importe quel touriste du 21ème Siècle pourrait avoir au cours d'un voyage en Egypte.

    … Les femmes entreprirent la visite des temples ; je les accompagnai un moment le long des murs criblés d’hiéroglyphes monotones. J’étais excédé par ces figures colossales de rois tous pareils, assis côte à côte, appuyant devant eux leurs pieds longs et plats, par ces blocs inertes où rien n’est présent de ce qui pour nous constitue la vie, ni la douleur, ni la volupté, ni le mouvement qui libère les membres, ni la réflexion qui organise le monde autour d’une tête penchée. Les prêtres qui me guidaient semblaient presque aussi mal renseignés que moi-même sur ces existences abolies ; de temps à autre, une discussion s’élevait au sujet d’un nom. On savait vaguement que chacun de ces monarques avait hérité d’un royaume, gouverné ses peuples, procréé son successeur : rien d’autre ne restait. Ces dynasties obscures remontaient plus loin que Rome, plus loin qu’Athènes, plus loin que le jour où Achille mourut sous les murs de Troie, plus loin que le cycle astronomique de cinq mille années calculé par Ménon pour Jules César…

                                                                                Marguerite Yourcenar (Mémoires d’Hadrien)





     
































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  • Classe 4



    Odeur des pluies de mon enfance,
    Derniers soleils de la saison !
    À sept ans, comme il faisait bon,
    Après d'ennuyeuses vacances,
    Se retrouver dans sa maison !

    La vieille classe de mon père,
    Pleine de guêpes écrasées
    Sentait l'encre, le bois, la craie
    Et ces merveilleuses poussières
    Amassées par tout un été !

    Ô temps charmants des brumes douces,
    Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
    Le vent souffle sous le préau,
    Mais je tiens entre paume et pouce
    Une rouge pomme à couteau .
     
                                   René-Guy Cadou

    photo eva baila ©                                           

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  • J’ai une tendresse toute particulière pour le peintre Henri Rousseau. Classé dans la catégorie des « Naïfs » il était un Maître dans le domaine du rêve et de l’imaginaire. Lui qui n’avait jamais quitté ses pénates et son bureau de l’octroi à Paris nous transporte avec exubérance et talent dans les jungles les plus foisonnantes, les plus touffues, les plus inventées (copiées au Jardin des Plantes) où se pavanent des fauves inspirés par ceux de la ménagerie du Jardin d’Acclimatation… D’abord raillées, ses jungles seront plus tard reconnues comme des modèles par tous : on rapporte cette phrase de Guillaume Apollinaire lors du salon d’Automne où Rousseau expose Le Rêve : « Cette année, personne ne rit, tous sont unanimes : ils admirent »


     

    Invité à un « banquet » au Bateau Lavoir par Pablo Picasso, Henri Rousseau déclara ce soir-là, tout à fait sérieusement, qu’ils étaient les deux plus grands peintres de ce siècle, lui, le Douanier dans le genre "Moderne", et Picasso dans le genre "Egyptien" ! N'est-ce pas délicieux ?



    Cela peut paraître assez loufoque, mais tout bien réfléchi, on peut considérer qu’Henri Rousseau avait un sens inné de l’observation : Picasso représentant ses sujets à la fois de face, de profil, et de trois-quarts (en plans superposés) appliquait les règles des Egyptiens dont les personnages apparaissent tout à la fois de face au niveau du buste, surmonté d' une tête de profil orné d'un œil unique dessiné de face, le tout sur des jambes de profil dans le sens de la marche... Essayez donc de marcher ainsi ! Et ne me dites plus que les portraits de Pablo sont "déstructurés"... Dites plutôt comme Henri, qu'ils sont égyptiens ! (eva, le 5 janvier 2009 ©)

     


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    Depuis la rue du Gros Horloge,
    tu découvres la Cathédrale...








































    Alors, tu prends cette photo...
    puis tu lui tournes le dos,
    et tu continues ta promenade dans cette rue bordée de boutiques, et d'immeubles à pans de bois...














































    et tout au bout de cette rue tu peux voir enfin "le Gros Horloge"... (de nuit)











































    C' est l'un des monuments emblématiques de la ville de Rouen. La construction, accolée à un beffroi, est constituée d'une arche Renaissance enjambant la rue du Gros-Horloge surmontée d'une horloge astronomique du XIVe siècle.


    photos eva baila ©

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