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Par eva-maïa le 3 Mars 2015 à 09:35
"Dis à celui qui hésite, balbutie
étranglé par la crainte des mots
Lèvres béantes tu es, assoiffées
Privées de mots...
Appels inquiets muets tu es...
Orphelin des mots...
trêve de silence, d'absence
Vas-y, ose quelques mots...
Dis... Crie... Gémis
Souffre et meurs dans les mots"
(M'naouar Smadah)
Poète tunisien (17 septembre 1931 à Nefta - 28 décembre 1998)
Il était poète, à la flamme vive, musicien, compositeur, écrivain et journaliste, mais surtout militant et homme libre. Sincère, engagé, chantre des grandes et nobles causes, auteur de textes fougueux incendiaires contre l'occupant, appelant à la rébellion, à la résistance armée.
Arrêté par les forces de l'occupation le 24 mars 1953, il publiera tour à tour à partir de 1954 : Al Ferdaous Al Moghtaçab ( Le Paradis violé - ou confisqué), Fajrou'l hayet (Aube de la Vie) confisqué le 8 mars 1955 par l'autorité coloniale, Harboun aâlàl jou'oû (Guerre contre la faim) paru en 1955, Ach'chouhada (Les martyrs) puis Cira'â (Lutte) en 1956, Maoulidou'tahrir (Naissance de la libération) et en 1958 Al malekou'l aâed (L'ange est de retour).
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Par eva-maïa le 27 Février 2015 à 07:43
J'ai besoin de la mer car elle est ma leçon :
je ne sais si elle m'enseigne la musique ou la conscience :
je ne sais si elle est vague seule ou être profond
ou seulement voix rauque ou bien encore conjecture
éblouissante de navires et de poissons.
Le fait est que même endormi
par tel ou tel art magnétique je circule
dans l'université des vagues.
Il n'y a pas que ces coquillages broyés
comme si une planète tremblante
annonçait une lente mort,
non, avec le fragment je reconstruis le jour,
avec le jet de sel, la stalactite,
et avec une cuillerée de mer, la déesse infinie.
Ce qu'elle m'a appris, je le conserve ! C'est
l'air, le vent incessant, l'eau et le sable.
Cela semble bien peu pour l'homme jeune
qui vint ici vivre avec ses feux et ses flammes,
et pourtant ce pouls qui montait
et descendait à son abîme,
le froid du bleu qui crépitait
et l'effritement de l'étoile,
le tendre éploiement de la vague
qui gaspille la neige avec l'écume,
le pouvoir paisible et bien ferme
comme un trône de pierre dans la profondeur,
remplacèrent l'enceinte où grandissait
la tristesse obstinée, accumulant l'oubli,
et soudain mon existence changea :
j'adhérai au mouvement pur.
Pablo Neruda (Mémorial de l'Ile Noire) Edition Gallimard
Traduit de l'espagnol par Claude Couffon
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Par eva-maïa le 9 Février 2015 à 00:08
Neiges dans le Djurdjura
Pièges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias
On me fouette à Azazga
Un chevreau court sur la Hodna
Des chevaux fuient de Mechria
Un chameau rêve à Ghardaïa
Et mes sanglots à Djemila
Le grillon chante à Mansourah
Un faucon vole sur Mascara
Tisons ardents à Bou-Hanifia
Pas de pardon aux Kelaa
Des sycomores à Tipaza
Une hyène sort à Mazouna
Le bourreau dort à Miliana
Bientôt ma mort à Zemoura
Une brebis à Nedroma
Et un ami tout près d'Oudja
Des cris de nuit à Maghnia
Mon agonie à Saïda
La corde au cou à Frenda
Sur les genoux à Oued-Fodda
Dans les cailloux de Djelfa
La proie des loups à M'sila
Beauté des jasmins à Kolea
Roses de jardins de Blida
Sur le chemin de Mouzaïa
Je meurs de faim à Medea
Un ruisseau sec à Chellela
Sombre fléau à Medjana
Une gorgée d'eau à Bou-Saada
Et mon tombeau au Sahara
Puis c'est l'alarme à Tebessa
Les yeux sans larmes à Mila
Quel vacarme à Aïn-Sefra
On prend les armes à Guelma
L'éclat du jour à Khenchla
Un attentat à Biskra
Des soldats au Nementcha
Dernier combat à Batna
Neiges dans le Djurdjura
Pièges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias
Un air de fête au coeur d'El Djazira.
Assia Djebar de l'Academie Francaise
"J'écris comme tant d'autres femmes algériennes avec un sentiment d'urgence, contre la régression et la misogynie. "
photos wikipedia : n°1 : Vue de la Grande Kabylie depuis les cimes du Djurdjura (auteur Yelles)
photo n°2 : Vue d'Aïn-Sefra (auteur Denis Dagget)
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Par eva-maïa le 5 Février 2015 à 16:00
Mes lèvres ne peuvent plus s'ouvrir
que pour dire ton nom
baiser ta bouche
te devenir en te cherchant.
Tu es au bout de chacun de mes mots
tu les emplis, les brûles, les vides.
Te voici en eux
tu es ma salive et ma bouche
et mon silence même est crispé de toi.
Je me couche dans la poussière, les yeux fermés.
La nuit sera totale, tant que l'aube
et le grand jour de ta chair
ne passeront pas au-dessus de moi
Comme un vol de soleils.
Alain Borne (1915-1962)
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