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    Luzech 8 Rue des Mariniers

     

     

    "Dis à celui qui hésite, balbutie

    étranglé par la crainte des mots

    Lèvres béantes tu es, assoiffées

    Privées de mots...

    Appels inquiets muets tu es...

    Orphelin des mots...

    trêve de silence, d'absence

    Vas-y, ose quelques mots...

    Dis... Crie... Gémis

    Souffre et meurs dans les mots"

     

    (M'naouar Smadah)

     

     

    Poète tunisien (17 septembre 1931 à Nefta - 28 décembre 1998)

    Il était poète, à la flamme vive, musicien, compositeur, écrivain et journaliste, mais surtout militant et homme libre. Sincère, engagé, chantre des grandes et nobles causes, auteur de textes fougueux incendiaires contre l'occupant, appelant à la rébellion, à la résistance armée.

    Arrêté par les forces de l'occupation le 24 mars 1953, il publiera tour à tour à partir de 1954 : Al Ferdaous Al Moghtaçab ( Le Paradis violé - ou confisqué), Fajrou'l hayet (Aube de la Vie) confisqué le 8 mars 1955 par l'autorité coloniale, Harboun aâlàl jou'oû (Guerre contre la faim) paru en 1955, Ach'chouhada (Les martyrs) puis Cira'â (Lutte) en 1956, Maoulidou'tahrir (Naissance de la libération) et en 1958 Al malekou'l aâed (L'ange est de retour). 


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  • La Mer (Pablo Neruda)

     

    J'ai besoin de la mer car elle est ma leçon :

    je ne sais si elle m'enseigne la musique ou la conscience :

    je ne sais si elle est vague seule ou être profond

    ou seulement voix rauque ou bien encore conjecture

    éblouissante de navires et de poissons.

    Le fait est que même endormi

    par tel ou tel art magnétique je circule

    dans l'université des vagues.

     

    Il n'y a pas que ces coquillages broyés

    comme si une planète tremblante

    annonçait une lente mort,

    non, avec le fragment je reconstruis le jour,

    avec le jet de sel, la stalactite,

    et avec une cuillerée de mer, la déesse infinie.

     

    Ce qu'elle m'a appris, je le conserve ! C'est

    l'air, le vent incessant, l'eau et le sable.

     

    Cela semble bien peu pour l'homme jeune

    qui vint ici vivre avec ses feux et ses flammes,

    et pourtant ce pouls qui montait

    et descendait à son abîme,

    le froid du bleu qui crépitait

    et l'effritement de l'étoile,

    le tendre éploiement de la vague

    qui gaspille la neige avec l'écume,

    le pouvoir paisible et bien ferme

    comme un trône de pierre dans la profondeur,

    remplacèrent l'enceinte où grandissait

    la tristesse obstinée, accumulant l'oubli,

    et soudain mon existence changea :

    j'adhérai au mouvement pur.

     

    Pablo Neruda (Mémorial de l'Ile Noire) Edition Gallimard

    Traduit de l'espagnol par Claude Couffon

     


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    Vue-de-la-Grande-Kabylie-depuis-les-cimes-du-Djurdjura--Alg.jpg

     

    Neiges dans le Djurdjura

    Pièges d'alouette à Tikjda

    Des olivettes aux Ouadhias

    On me fouette à Azazga

    Un chevreau court sur la Hodna

    Des chevaux fuient de Mechria

    Un chameau rêve à Ghardaïa

    Et mes sanglots à Djemila

    Le grillon chante à Mansourah

    Un faucon vole sur Mascara

    Tisons ardents à Bou-Hanifia

    Pas de pardon aux Kelaa

    Des sycomores à Tipaza

    Une hyène sort à Mazouna

    Le bourreau dort à Miliana

    Bientôt ma mort à Zemoura

    Une brebis à Nedroma

    Et un ami tout près d'Oudja

    Des cris de nuit à Maghnia

    Mon agonie à Saïda

    La corde au cou à Frenda

    Sur les genoux à Oued-Fodda

    Dans les cailloux de Djelfa

    La proie des loups à M'sila

    Beauté des jasmins à Kolea

    Roses de jardins de Blida

    Sur le chemin de Mouzaïa

    Je meurs de faim à Medea

    Un ruisseau sec à Chellela

    Sombre fléau à Medjana

    Une gorgée d'eau à Bou-Saada

    Et mon tombeau au Sahara

    Puis c'est l'alarme à Tebessa

    Les yeux sans larmes à Mila

    Quel vacarme à Aïn-Sefra

    On prend les armes à Guelma

    L'éclat du jour à Khenchla

    Un attentat à Biskra

    Des soldats au Nementcha

    Dernier combat à Batna

    Neiges dans le Djurdjura

    Pièges d'alouette à Tikjda

    Des olivettes aux Ouadhias

    Un air de fête au coeur d'El Djazira.

     

    Assia Djebar de l'Academie Francaise

    "J'écris comme tant d'autres femmes algériennes avec un sentiment d'urgence, contre la régression et la misogynie. " 

     

     

    Vue_d_Ain_Sefra-_AlgerieDenis-Daggett.jpg

     

    photos wikipedia : n°1 : Vue de la Grande Kabylie depuis les cimes du Djurdjura (auteur Yelles)

    photo n°2 : Vue d'Aïn-Sefra (auteur Denis Dagget)


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  • DSC00889aminus

     

    Mes lèvres ne peuvent plus s'ouvrir

    que pour dire ton nom

    baiser ta bouche

    te devenir en te cherchant.

    Tu es au bout de chacun de mes mots

    tu les emplis, les brûles, les vides.

    Te voici en eux

    tu es ma salive et ma bouche

    et mon silence même est crispé de toi.

    Je me couche dans la poussière, les yeux fermés.

    La nuit sera totale, tant que l'aube

    et le grand jour de ta chair

    ne passeront pas au-dessus de moi

    Comme un vol de soleils.

     

    Alain Borne (1915-1962)

     


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