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Par eva-maïa le 13 Novembre 2015 à 15:10
Erri de Luca et Aurora de Luca (photo d'Alberto Cameroni)
Valore
"J'attache de la valeur à toute forme de vie, à la neige, la fraise, la mouche,
J'attache de la valeur au règne animal et à la république des étoiles,
J'attache de la valeur au vin tant que dure le repas, au sourire involontaire, à la fatigue de celui qui ne s'est pas épargné,
à deux vieux qui s'aiment,J'attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd'hui vaut encore peu de chose,
J'attache de la valeur à toutes les blessures,
J'attache de la valeur à économiser l'eau, à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s'asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi,
J'attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive,
J'attache de la valeur au voyage du vagabond, à la réclusion de la moniale, à la patience du condamné quelque soit sa faute,
J'attache de la valeur à l'usage du verbe aimer et à l'hypothèse qu'il existe un créateur,
Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues."
Erri de Luca (né en 1950 à Naples)
Oeuvre sur l'eau (Opera sull'acqua 2002, traduit de l'italien par Danièle Valin)
Le poème est dit par son auteur dans la video ci-dessous :
La belle photo avec sa nièce Aurora, d'Alberto Cameroni a été prise à l'occasion du spectacle "Voyager avec Aurora" en 2010... Un voyage en musique et poésie : ici
Un écrivain et un poète, un humaniste engagé politiquement, un alpiniste chevronné... Biographie ici
7 commentaires -
Par eva-maïa le 29 Octobre 2015 à 15:29
"J'ai marqué peu à peu l'atlas blanc de ton corps
avec des croix de flamme.
Ma bouche : une araignée qui traversait, furtive.
En toi, derrière toi, craintive et assoiffée."
Pablo Neruda (Poème XIII)
Photo Tina Kazakhishvili.
Pablo, Pablo, j’ai besoin de tes mots le matin, pour me sentir belle, et marcher, et sourire…
j’ai besoin de tes mots attachés à mes pas, de ta bouche-araignée à mes chevilles,
j’ai besoin de ta voix « ailée comme un oiseau », de ton angoisse, sœur de la mienne,
j’ai besoin de ton chant et de tes lèvres avides… de « tes mots de joie sur la fleur nocturne »…
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Par eva-maïa le 15 Octobre 2015 à 09:47
J'ai tout perdu de l'enfance,
Jamais plus je ne pourrai
Perdre mémoire à crier.
L'enfance, je l'ai enfouie
Au fond des nuits.
A présent, lame invisible,
Elle me coupe de tout.
Giuseppe Ungaretti.
Illustration : "La sieste" de Joan Miró
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Par eva-maïa le 24 Septembre 2015 à 10:05
Longtemps je t'ai cherchée en moi,
Jamais je ne te trouvais,
Puis ce qu'est vivre et le monde
M'ont été en toi révélés.
Ce jour-là je fus heureux,
Mais la jubilation du coeur
Frémissant m'avertissait
Qu'elle jamais ne m'assouvit.
Ce ne fut qu'égarement bref,
Déjà tes doigts de sommeil,
Comble de compassion,
Me caressent les yeux.
Attentive, tu m'as donné
Alors cet immense calme
Envahissant après l'amour
Qui en a connu la fureur.
Le soleil refulgure en toi
Avec l'aube resurgie.
Pareille gaieté de la mer
Me ramènera-t-elle à croire ?
C'est le leurre aujourd'hui de chair
Qui va dévastant mon coeur
Usé par le délire.
Giuseppe Ungaretti (1969) traduit de l'italien par Philippe Jacottet
peinture Egon Schiele
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