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    Au bord...

     

    huile sur toile "la Noche" Ricardo Fernàndez Ortega

     

    Elle allait au bord de la mort, comme les autres vont au bord de la mer : pour se retrouver, pour se ressourcer, pour oublier le rejet originel, irrépressible et fort qui l’avait jetée sur le rivage, sans défense et sans recours. Elle allait pieds-nus, sans plaisir, sans désir et sans joie… 


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    Sur des pages de roche, des pages de vie...

     

    Au début, l’Homme était seul avec sa grande peur de tout.
    Il y eut un soir, et l’Homme eut peur que le Soleil ne revînt pas.

    Il y eut un soir, il y eut un matin, et l’Homme se réfugia dans les cavernes.

    L’Homme craignait les animaux féroces, le grand froid, et la faim qui lui tenaillait les entrailles.

    Il inventa l’idée de la religion pour conjurer la mort, et l’Art Sacré pour que le Soleil revînt chaque matin.

    Plus tard, sur l’Ile de Minos, Il apprivoisa le Taureau pour que la Terre cessât de trembler, il jouait avec lui avec bravoure et respect pour signer le pacte mystérieux avec les forces telluriques. Il dansait avec lui sur le fil du Merveilleux comme un funambule, et sautait par-dessus ses cornes redoutables comme un acrobate dédié à l’au-delà. 

    Longtemps les joutes furent ordaliques, l’Homme arrachait au péril même de sa vie, son droit à vivre et survivre. Cela même est fascinant, et subsiste aujourd’hui encore : cette revendication affirmée et insistante à se mesurer aux forces mystérieuses de la nature. 

    Quand l’Homme commença à dessiner sur les parois des cavernes, il invitait l’esprit des dieux pour inspirer son Art, et imagina des rites sacrés pour honorer les dieux. Le caractère religieux de l’Art subsistera encore longtemps, longtemps jusqu’après le Moyen Age. L’Art pictural ne devint profane qu’à la Renaissance. L’Art devint profane, mais quelque chose de céleste rayonne encore mystérieusement dans la peinture de Botticelli : lui, plus qu’aucun autre, s’est attaché à rendre le Beau aussi proche du Divin…

    (eva, textes et video)

     

     

     


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    Paul Delvaux

     

    La ville grise, 1934 Huile sur toile 1470 x 60 cm Fuji Art Museum, Japon

      

    « A Paris, je me suis rendu compte que De Chirico avait peint avec la couleur mais avec en plus un sentiment de poésie profonde, de silence, de vide et ça m’avait fort impressionné, et je me suis demandé si finalement le but de la peinture n’était pas uniquement une question de couleur mais aussi une question de poésie et de profondeur de sentiment. Et alors, j’ai en effet été un peu influencé par De Chirico dans les premiers tableaux que j’ai faits après, mais on sent que ce n’est pas la même chose. C’était inspiré des ciels italiens, avec des couleurs italiennes, des couleurs chaudes ; moi je faisais la même chose mais en gris. Homme du Nord ! »

    Paul Delvaux (Odyssée d’un rêve Edition Paul Delvaux Saint-Idesbald)  

     


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    J’ai toujours tant aimé ce que tu peignais… le foulard noué autour du panier, les fruits ronds et sombres blottis dans l’osier, le pain, le vin, la grenade porte-bonheur posée sur la table, si dure, abritant les grains fragiles, prêts à éclater dans la bouche comme un baiser… J’ai toujours aimé ton mépris pour la mode de l’abstrait, ta préférence pour le figuratif, ton indifférence résolue à ne point paraître moderne, ton goût pour le mystère lourd et sombre, les chats silencieux, les filles nubiles abandonnées dans l’ombre, les paysages suspendus dans la lumière blafarde… 


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