• "Mais alors il advint quelque chose qui fit taire toutes les bouches et qui fixa tous les regards. Car pendant ce temps le danseur de corde s'était mis à l'ouvrage : il était sorti par une petite poterne et marchait sur la corde tendue ente deux tours, au-dessus de la place publique et de la foule. Comme il se trouvait juste à mi-chemin, la petite porte s'ouvrit encore une fois et un gars bariolé qui avait l'air d'un bouffon sauta dehors et suivit d'un pas rapide le premier. " En avant boiteux,cria son horrible voix, en avant paresseux, sournois, visage blême ! Que je ne te chatouille pas de mon talon ! Que fais-tu entre ces tours ? C'est dans la tour que tu devrais être enfermé : tu barres la route à un meilleur que toi !" - Et à chaque mot il s'approchait davantage ; mais quand il ne fut plus qu'à un pas du danseur de corde, il advint cette chose terrible qui fit taire toutes les bouches et qui fixa tous les regards : - le bouffon poussa un cri diabolique et sauta par-dessus celui qui lui barrait la route. Mais le danseur de corde en voyant la victoire de son rival, perdit la tête et la corde ; il jeta son balancier et, plus vite encore s'élança dans l'abîme, comme un tourbillon de bras et de jambes. La place publique et la foule ressemblaient à la mer, quand la tempête s'élève. Tous s'enfuyaient en désordre et surtout à l'endroit où le corps allait s'abattre."

      





































    Extrait de
    "Ainsi parlait Zarathoustra"
    Frederic Nietzsche

    photos Rico
    Pise septembre 2008 ©



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    Naples 50

     

    "Naples s'éveille sous un éclatant soleil. Elle s'éveille tard, comme une belle fille du Midi endormie sous un ciel chaud. Par ses rues, où jamais on ne voit un balayeur, où toutes les poussières, faites de tous les débris, de tous les restes des nourritures mangées au grand jour, sèment dans l'air toutes ordeurs, commence à grouiller la population remuante, gesticulante, criante, toujours excitée, toujours enfiévrée, qui rend unique cette ville si gaie."

     

    Guy de Maupassant (12 mai 1885)

    photos eva (août 2010)   

     

    Naples 28


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    Venise

     

    "Et cependant quelques-uns de ces canaux, les plus étroits, sont parfois délicieusement bizarres. Les vieilles maisons rongées par la misère y reflètent leurs murailles déteintes et noircies, y trempent leurs pieds sales et crevassés, comme des pauvres en guenilles qui se laveraient dans des ruisseaux. [...] On a rêvé une vaste cité aux immenses palais, tant est grande la renommée de cette antique reine des mers. On s'étonne que tout soit petit, petit, petit ! Venise n'est qu'un bibelot, un vieux bibelot d'art charmant pauvre, ruiné, mais fier d'une belle fierté de gloire ancienne."

     

    Guy de Maupassant "Venise"  Gil Blas, 5  mai 1885

    photo eva.



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    Adieu 2

     

    "Ainsi les poètes, impuissants décrocheurs d'étoiles, ont toujours été tourmentés par la soif de l'amour mystique, L'exaltation naturelle d'une âme poétique, exaspérée par l'excitation artistique, pousse ces êtres d'élite à concevoir une sorte d'amour nuageux éperdument tendre, extatique, jamais rassasié, sensuel sans être charnel, tellement délicat qu'un rien le fait s'évanouir, irréalisable et surhumain. Et ces poètes sont peut-être les seuls hommes qui n'aient jamais aimé une femme, une vraie femme en chair et en os, avec ses qualités de femme, ses défauts de femme, son esprit de femme restreint et charmant, ses nerfs de femme et sa troublante femellerie.

     

    Toute créature devant qui s'exalte leur rêve est le symbole d'un être mystérieux, mais féerique : l'être qu'ils chantent ces chanteurs d'illusions. Elle est, cette vivante adorée par eux, quelque  chose comme la statue peinte, image d'un dieu devant qui s'agenouille le peuple. [...]

     

    La femme qu'ils étreignent, ils la transforment, la complètent, la défigurent avec leur art de poètes. Ce ne sont pas ses lèvres qu'ils baisent, ce sont les lèvres rêvées. Ce n'est pas au fond de ses yeux bleus ou noirs que se perd ainsi leur regard exalté, c'est dans quelque chose d'inconnu et d'inconnaissable ! L'oeil de leur maîtresse n'est que la vitre par laquelle ils cherchent à voir le Paradis de l'amour idéal."

     

                                                                                     Guy de Maupassant (La vie errante)

     

    Adieu 3

     

    Acropole de Selinonte

     

    Peut-être ai-je toujours aimé le voyage comme les poètes aiment les femmes….

     

    Adieu

     

    Adieu 9

     

    Adieu 4

     

    Adieu 8

     

    Adieu, beau pays de Sicile...

    Adieu 1

     

    Adieu 6

     

    Taormina 4

     

    photos eva, juin 2011


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